[javascript protected html] [javascript protected html]
La Halle aux poissons de Trouville n’a pas seulement changé d’usage, elle a aussi révélé la force de ses noms : simples, parlants et rassurants, ils accompagnent le succès d’un lieu devenu incontournable.

Depuis quelques années je passe une partie des vacances à Trouville.

Cette commune n’est jamais ni tout à fait la même ni tout à fait une autre et, comme aux Galeries Lafayette, il s’y passe toujours quelque chose qui me donne matière à réflexion.

La Halle aux poissons - ou Marché aux poissons - de Trouville a été créée en 1936.

Elle est adossée au quai d’accostage des quelques bateaux de pêche trouvillais, à mi-chemin entre la gare et la plage, face aux 2 plus gros restaurants de Trouville : Le Central et les Vapeurs.

En 2025, elle abrite 9 poissonniers.

9 poissonniers pour une ville de 4600 habitants, on se demande comment c’est possible ; même si la population est à multiplier par 10 en été, c’est vraiment beaucoup.

 

Post covid, un changement de taille

En 2021, la Halle a connu un bouleversement : les 9 poissonniers ont proposé de déguster leurs produits sur place. Chacun a installé un auvent et des tables hautes et c’est parti .

Peut-être était-ce devenu nécessaire à leur survie.

Le pari était audacieux sur fond de contexte très concurrentiel et de début de crise économique.

Or le succès est complet ; en été c’est la ruée. De vieillissante et vivotante, la Halle de Trouville est devenue tendance : l’endroit où on se presse, perché sur une chaise haute pour déguster sur le pouce huitres, fruits de mer, bulots, langoustes et autres.

Bien que familière de Trouville, je n’avais pas testé jusqu’à présent : il faut un certain courage pour arpenter une rangée de 9 commerçants à l’affut.

Nombreux sont les univers-produits qui peuvent sembler complexes au 1er abord et rebuter : entrer dans une banque avant 18 ans, entrer dans un magasin chic, consulter un architecte, choisir un matelas, une coloration, une voiture …

Cet été, j’ai franchi le pas. J’ai choisi l’étal, questionné, commandé, dégusté et réfléchi.

On n’est pas au restaurant, on n’est pas chez soi, on est ailleurs : un peu comme dans les cabanes aux huitres du bassin d’Arcachon, plus près de la mer et du bateau.

Cette Halle aux poissons est à voir maintenant comme une nouvelle expérience proposée au visiteur, un nouvel atout pour Trouville comme le sont la plage, le casino, les planches, la super palette des restau etc.

Une nouvelle profession est née : ceux qu’on appelait auparavant des poissonniers ont migré vers autre chose. Il faudrait un nouveau nom pour les désigner : ni poissonnier ni restaurateur, autre chose.

Du coup j’ai eu envie d’analyser ce succès sous l’angle des noms.

 

Le rôle des noms

Derrière le succès de cette nouvelle Halle aux poissons, il y a d’abord une idée et une réalité-produit. Ce ne sont pas les noms des poissonniers qui créent le concept, d’ailleurs ils sont antérieurs à l’évolution. 

Néanmoins ces noms réussissent, par leur esprit, par leur simplicité, à accompagner le changement, à le rendre possible, crédible, légitime.

Il leur fallait s’adresser à une nouvelle clientèle, exigeante, pouvant accepter des prix élevés et cautionner une nouvelle façon de déjeuner dehors, dédiée aux meilleurs fruits de mer, à la fraîcheur, à l’authenticité, au plaisir. Ce n’était pas acquis.

Comment les noms des 9 poissonniers de Trouville légitiment la nouvelle Halle

Ce sont pour presque tous des noms français, inscrits dans la tradition, parlants, qui ont une forme de simplicité bon enfant.

Voici ces noms à l’été 2025.

 

Chez Alain

Au final : ce n’est pas un nom très original mais il fait le job

 

Robert et Denis

Là encore, par le nom, on dit qui on est, on s’engage, c’est bien.

 

Côté Mer

A le mérite de la simplicité néanmoins : ne suggère pas le produit d’exception mais peut rassurer celui qui ne l’attend pas et souhaite un prix accessible.

 

Andronikou

Pour la Grèce et pour l’histoire, ça me plait, je suis curieuse, j’irai voir.

 

Maison Saiter ou Pillet Saiter

Le nom suggère le sérieux. En revanche le plaisir, la mer ou la convivialité sont moins présents.

 

Chez Pascal

Plus de douceur que Alain, une personnalité moins marquée.

 

La Plume des mers

En positif une touche poétique et un effort de recherche.

 

Les Ptits mousses

C’est mignon

 

Les Boucholeurs

Le nom est maritime, original, c’est jouable.

 

En conclusion

Cette nouvelle Halle aux poissons, prise d’assaut en été, est clairement une réussite.

De nombreux éléments conditionnent ce succès dont bien sur la nouveauté et la qualité de l’offre. La Halle rencontre des attentes d’aujourd’hui : elle joue à la fois la mer, l’inédit, le rare, le local, l’authenticité…C’est porteur.

Les prix opérés, élevés ont le mérite d’être transparents, calculés sur la base d’un système malin qui se démarque complètement de celui du restaurant.

En 1ère approche, on peut penser que les noms des poissonniers sont secondaires ; le concept, le choix, la qualité, la fraîcheur visible des produits vont primer.

Mais ne nous arrêtons pas là, ils jouent leur partition : le nom n’est pas seulement un élément de l’offre mais le mot qui désigne et résume l’offre.

Tout nom renvoie à une image qui bien sûr influence la pereception et le succès

Déjà nos 9 noms évitent le pire : pas de sigle ni de nom descriptif sans affect.

Mieux : ils sont crédibilisants, ré-assurants sur plusieurs aspects : 

 

Golbalement par ces 9 noms, on met en avant la dimension humaine et artisanale de la Halle, nécessaire à l’adhésion au concept global.

Corinne Bessis Dirigeante de Bessis, agence créatrice des noms Navigo, Zoé, Arkea…

Ce site a été optimisé pour vous offrir une meilleure expérience avec un affichage en plein écran.
Merci d'agrandir votre fenêtre.
Je souhaite continuer malgré tout Ce site a été optimisé pour vous offrir une meilleure expérience avec un affichage en plein écran.<br>Merci d'agrandir votre fenêtre.